Pertes blanches : quand c'est normal et quand s'inquiéter

Vous savez ce qu'on m'a dit quand j'étais jeune fille et que j'osais poser des questions sur mes pertes blanches ? "C'est sale, on n'en parle pas." Point final. Résultat : j'ai passé des années à me demander si j'étais normale, à vérifier discrètement mes sous-vêtements avec angoisse, persuadée qu'il y avait quelque chose qui clochait chez moi.

Alors aujourd'hui, on va briser ce silence ridicule. Les pertes blanches, mes chéries, c'est aussi naturel que de transpirer ou de saliver. Et il est grand temps qu'on arrête de les traiter comme un secret honteux.

Les pertes blanches, c'est quoi exactement ?

Le terme médical, c'est "leucorrhées" (si vous voulez impressionner votre gynéco), mais appelons-les simplement ce qu'elles sont : des sécrétions vaginales parfaitement normales.

Votre vagin n'est pas un tuyau inerte. C'est un organe vivant, intelligent même, qui se nettoie tout seul – un peu comme vos yeux produisent des larmes pour rester humides et propres. Les pertes blanches, c'est son système d'auto-nettoyage.

Elles sont composées de :

• Cellules vaginales qui se renouvellent naturellement
• Sécrétions du col de l'utérus (la fameuse glaire cervicale)
• Bactéries protectrices (oui, les "bonnes" bactéries !)
• Un peu de liquide vaginal

Ce mélange maintient votre flore vaginale en bonne santé, protège contre les infections (comme la mycose vaginale) et – bonus – facilite les rapports sexuels. Bref, vos pertes blanches travaillent pour vous, pas contre vous.

Les variations normales : votre cycle n'est pas une ligne droite

Et c'est là que ça devient fascinant. Si vous avez l'impression que vos pertes changent d'aspect tout au long du mois, vous n'hallucinez pas. C'est même tout à fait normal.

Juste après les règles

Vos pertes sont généralement minimes, voire quasi inexistantes. Certaines femmes parlent de sensation de sécheresse pendant quelques jours. C'est normal : votre corps fait une pause après les menstruations.

En milieu de cycle (ovulation)

Ah, la période où vous vous dites "tiens, il se passe quelque chose". Vos pertes deviennent plus abondantes, transparentes ou légèrement blanchâtres, et surtout : elles s'étirent entre vos doigts comme du blanc d'œuf cru.

C'est la glaire cervicale qui travaille. Son job ? Faciliter le passage des spermatozoïdes si vous cherchez à concevoir (ou simplement parce que c'est sa fonction naturelle, même si bébé n'est pas au programme).

Cette texture "filante" peut durer 2 à 4 jours autour de l'ovulation. Vous pouvez avoir une sensation d'humidité plus marquée – c'est désagréable dans la culotte, je vous l'accorde, mais c'est le signe que votre corps fonctionne parfaitement.

En deuxième partie de cycle

Après l'ovulation, vos pertes s'épaississent, deviennent plus crémeuses, blanchâtres ou légèrement jaunâtres. Elles peuvent former une petite trace dans la culotte qui sèche en laissant un léger résidu. Rien d'alarmant.

La quantité diminue généralement jusqu'aux prochaines règles.

Pendant la grossesse

Si vous êtes enceinte, préparez-vous : vos pertes peuvent devenir nettement plus abondantes. C'est l'effet des hormones qui montent en flèche. Tant qu'elles restent blanches ou transparentes, sans odeur forte, c'est parfaitement normal.

Pendant l'excitation sexuelle

On en parle rarement, mais c'est important : quand vous êtes excitée, votre vagin produit une lubrification naturelle. Ces sécrétions peuvent être abondantes, très liquides, transparentes. C'est la réponse physiologique normale à l'excitation – que vous soyez en plein rapport ou juste en train de lire un passage un peu chaud de votre roman.

Rien à voir avec une infection. C'est votre corps qui se prépare, point.

Les signes d'alerte : quand vos pertes vous parlent

Maintenant qu'on a bien établi que les pertes blanches sont normales, parlons des cas où elles essaient de vous dire que quelque chose ne va pas.

Changement de couleur suspect

Pertes grises ou verdâtres

C'est souvent le signe d'une infection bactérienne, comme la vaginose bactérienne. L'odeur est généralement le gros indice : une odeur de "poisson pourri" qui s'intensifie après les rapports ou pendant les règles.

Pertes jaunes ou jaunâtres

Attention au nuancier. Des pertes légèrement crème-jaune sans autre symptôme ? Probablement normal. Des pertes franchement jaunes, abondantes, avec démangeaisons ? Direction le médecin – ça peut être une infection sexuellement transmissible (IST) comme la trichomonase ou la chlamydia.

Pertes marron ou rosées

Hors période de règles, ça peut être du spotting (saignement léger entre les règles), souvent bénin. Mais si c'est récurrent ou accompagné de douleurs, il faut consulter pour éliminer un problème plus sérieux.

Pertes blanches très épaisses, grumelées (aspect "lait caillé")

C'est LA signature de la mycose vaginale. Généralement accompagnée de démangeaisons intenses, parfois de brûlures. C'est très courant (3 femmes sur 4 en auront au moins une dans leur vie), et ça se traite facilement.

L'odeur qui vous met la puce à l'oreille

Un vagin en bonne santé a une odeur. Oui, vous avez bien lu. Une odeur légère, un peu musquée, qui varie selon votre cycle et votre hygiène. C'est normal.

Ce qui n'est PAS normal :

• Odeur très forte de poisson
• Odeur franchement désagréable qui persiste malgré la douche
• Odeur qui change radicalement du jour au lendemain

L'odeur est souvent le premier signal d'alarme d'un déséquilibre de la flore vaginale.

Les symptômes qui accompagnent

Des pertes blanches seules, même abondantes, restent généralement normales. Ce sont les symptômes associés qui doivent vous alerter :

• Démangeaisons intenses, irrésistibles (surtout la nuit)
• Brûlures à l'intérieur du vagin ou en urinant
• Rougeurs ou gonflements des lèvres
• Douleurs pendant les rapports
• Saignements en dehors des règles

Un seul de ces symptômes combiné à des pertes inhabituelles ? Consultez.

Ce qu'il ne faut SURTOUT PAS faire

Avant de vous parler de solutions, laissez-moi vous éviter les erreurs classiques qui empirent souvent la situation.

Stop aux douches vaginales

Je sais, on vous a peut-être dit que c'était "hygiénique". C'est faux. Archi-faux. Les douches vaginales détruisent votre flore protectrice et créent un déséquilibre qui favorise... justement les infections et les pertes anormales.

Votre vagin se nettoie seul. Vous n'avez pas besoin de l'asperger de quoi que ce soit.

Attention aux produits parfumés

Gels intimes parfumés, lingettes "spéciales hygiène intime", déodorants vaginaux... Tout ça, c'est du marketing qui joue sur votre insécurité. Ces produits irritent les muqueuses et perturbent l'équilibre naturel.

Ce qu'il faut utiliser : de l'eau claire, éventuellement un savon doux au pH neutre (jamais à l'intérieur, juste sur la vulve). C'est tout.

Ne vous auto-médicamentez pas systématiquement

"J'ai des pertes, ça doit être une mycose, je prends un ovule." Non. Toutes les pertes anormales ne sont pas des mycoses. Et traiter une vaginose bactérienne avec un antifongique ne servira à rien – voire aggravera la situation.

Premier épisode ? Consultez pour avoir un diagnostic précis. Vous reconnaîtrez ensuite les signes si ça revient.

Évitez les sous-vêtements synthétiques serrés

Les strings en polyester, c'est joli, mais c'est aussi le terrain de jeu préféré des bactéries et champignons. L'humidité et la chaleur piégées créent un environnement parfait pour les infections.

L'idéal : culottes en coton, pas trop serrées, qui laissent respirer. Et la nuit, dormez sans culotte quand c'est possible.

Quand consulter (et qui voir)

Consultez rapidement si :

• Vos pertes ont radicalement changé (couleur, odeur, texture) ET que ça persiste plus de 48h
• Vous avez des démangeaisons qui vous empêchent de dormir
• Vous avez de la fièvre accompagnée de pertes inhabituelles
• Vous ressentez des douleurs dans le bas-ventre
• Vos pertes surviennent après un rapport non protégé avec un nouveau partenaire
• Vous êtes enceinte et constatez des changements importants

Qui consulter ?

• Votre médecin généraliste : souvent suffisant pour une première consultation
• Votre gynécologue : si le problème est récurrent ou complexe
• Une sage-femme : elles sont habilitées à faire des consultations gynécologiques
• Planning familial : option gratuite et confidentielle

Quelques vérités bonnes à entendre

Les pertes blanches ne sont PAS un signe de mauvaise hygiène

Répétez après moi : avoir des pertes blanches ne veut PAS dire que vous êtes sale. C'est un processus physiologique normal. Vous pourriez vous laver trois fois par jour (ce que je ne recommande pas, d'ailleurs), vous auriez quand même des pertes.

La quantité varie énormément d'une femme à l'autre

Certaines ont à peine besoin d'un protège-slip occasionnel. D'autres changent de culotte en milieu de journée. Les deux sont normaux. Tant qu'il n'y a pas d'autres symptômes, la quantité seule n'est pas un critère d'inquiétude.

Vos pertes peuvent changer avec l'âge

À l'adolescence, pendant la grossesse, après l'accouchement, à la ménopause... Vos hormones fluctuent, et vos pertes aussi. C'est logique. Votre corps n'est pas une machine figée.

Un partenaire stable ne vous protège pas des mycoses

Les mycoses ne sont pas des IST. Vous pouvez en développer une même en couple depuis 20 ans. C'est un déséquilibre de votre flore, point – stress, antibiotiques, changement de pilule, diabète... Les causes sont multiples.

Conclusion : reprenez le pouvoir sur votre corps

Voilà ce que j'aurais aimé qu'on me dise à 15 ans : tes pertes blanches sont normales. Elles vont changer tout au long du mois. Tu vas les observer, apprendre à les connaître, et c'est comme ça que tu sauras reconnaître quand quelque chose cloche.

Votre vagin n'a pas besoin d'être "parfumé à la rose", "sec comme le Sahara" ou "propre comme un sou neuf". Il a besoin d'être en équilibre. Et cet équilibre passe par l'acceptation de son fonctionnement naturel.

Observez vos pertes sans jugement. Notez mentalement leur évolution. Et si quelque chose vous semble vraiment différent, avec des symptômes gênants, consultez sans honte.

Parce qu'au final, la vraie liberté, c'est de connaître son corps assez bien pour savoir quand il va bien... et quand il appelle à l'aide.

Avertissement médical : Cet article est fourni à titre informatif et ne remplace pas une consultation médicale. Si vous présentez des symptômes inhabituels ou persistants, consultez un professionnel de santé pour un diagnostic et un traitement adaptés.

Mamie Marie